Quelle est la place des femmes dans la transmission intra-familiale ?
Comment la transmission intergénérationnelle a évolué au cours des siècles (comment l'individu a pu s'extraire de la "communauté" pour devenir un acteur à part entière de son histoire) ?
Est-ce qu'il y a un bon moment pour transmettre son histoire de vie à ses proches ?
Qui doit initier ce projet, les aînés ou les jeunes générations ?
Ces questions, et beaucoup d'autres, ont été abordé lors de la conférence que j'ai présentée dernièrement dans différentes bibliothèques en Suisse romande.
Cela a été aussi l'occasion de parler de l'éthique inhérente à ce type de travail dans le cercle familial, une éthique semblable à celle que je pratique dans mon métier de journaliste, avec des règles claires.
En plus de la clause de confidentialité, le respect de certains droits de la personne qui témoigne, notamment son droit à garder sous silence certains événements de sa vie, et celui d'avoir le dernier mot sur le projet final. En effet, si elle ne ne souhaite pas qu'un mot, une phrase ou une partie de son témoignage figure dans la biographie sonore destinée à sa famille, elle a la possibilité (à la fin des entretiens enregistrés) de me demander de les supprimer.
Comment demander à un proche de témoigner ?
Lors de l'échange qui a suivi la conférence, j'ai eu le grand plaisir de pouvoir répondre à des questions très pertinentes sur la transmission intergénérationnelle en lien avec mon projet Une vie une histoire.
Plusieurs personnes m'ont questionné sur la manière d'approcher leurs parents pour leur poser des questions sur leur vie dans le but de conserver leurs mémoires.
Du fait de la proximité et des liens familiaux, il n'est pas toujours facile de questionner un proche sur son parcours de vie. La dimension émotionnelle peut interférer dans cette démarche qui part d'un bon sentiment, mais qui peut être sujet à interprétation. "Pourquoi mon fils qui ne m'a jamais posé de questions sur ma vie veut-il tout à coup tout savoir ?" Ou "Si ma fille me pose des questions, c'est qu'elle pense que je vais bientôt mourir..."
C'est d'autant plus délicat si, jusque-là, on a posé peu de questions sur l'histoire de son parent ou grand-parent.
Le fait de s'adresser à une professionnelle pour réaliser ce projet de biographie sonore facilite grandement les choses. Car en tant que journaliste, j'ai les outils pour mettre en confiance et tisser un lien avec mon interlocuteur, pour poser un cadre et lui poser les bonnes questions. Pour rebondir sur un point en particulier, en creuser un autre, faire avancer le fil du récit avec la globalité du projet en tête.
Autre point essentiel : le fait que nous soyons en "terrain neutre" facilite les choses. Il n'y a aucun enjeu émotionnel ou relationnel, ce qui facilite grandement cette démarche de témoignage.
Dans la biographie sonore finale, on m'entend très peu car c'est la personne qui témoigne qui est mise en valeur, ses réponses et son émotion. Mes interventions sont courtes et ciblées, juste ce qu'il faut pour "donner des ailes" à celle ou celui qui partage son parcours de vie.
Un grand merci aux bibliothèques de Neuchâtel, Payerne et Saint-Imier pour leur accueil chaleureux et la promotion de cet événement auprès de leur public.
Ces conférences ont été l'occasion de jolis échanges et de beaux partages sur la thématique de la transmission orale au sein des familles en lien avec le projet de biographies sonores Une vie une histoire.
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